Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/280

Cette page a été validée par deux contributeurs.

tait lassée des récits éternellement semblables de l’expérience humaine. Jamais le résultat n’avait répondu à son attente. Il en vint à ne s’intéresser qu’à l’aspect réel, toujours varié pour lui, de la mort. Il localisa tout le drame dans le dénouement. La qualité des acteurs ne lui importa plus. Il s’en forma au hasard. L’accessoire unique du théâtre de M. Burke fut un masque de toile empli de poix. M. Burke sortait par les nuits de brume, tenant ce masque à la main. Il était accompagné de M. Hare. M. Burke attendait le premier passant, marchait devant lui, puis, se retournant, lui appliquait le masque de poix sur la figure, soudainement et solidement. Aussitôt MM. Burke et Hare s’emparaient, chacun d’un côté, des bras de l’acteur. Le masque de toile empli de poix présentait la simplification géniale d’étouffer à la fois les cris et l’haleine. De plus, il était tragique. Le brouillard