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impérative. Pour interrompre le récit, M. Hare avait coutume de passer derrière le canapé et d’appliquer ses deux mains sur la bouche du conteur. Au même moment, M. Burke venait s’asseoir sur sa poitrine. Tous deux, en cette position, rêvaient, immobiles, à la fin de l’histoire qu’ils n’entendaient jamais. De cette manière, MM. Burke et Hare terminèrent un grand nombre d’histoires que le monde ne connaîtra point.

Quand le conte était définitivement arrêté, avec le souffle du conteur, MM. Burke et Hare exploraient le mystère. Ils déshabillaient l’inconnu, admiraient ses bijoux, comptaient son argent, lisaient ses lettres. Quelques correspondances ne furent pas sans intérêt. Puis ils mettaient le corps à refroidir dans la grande caisse de M. Hare. Et ici, M. Burke montrait la force pratique de son esprit.

Il importait que le cadavre fût frais, mais