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pétait : « Un jour, je commanderai un vaisseau du Roi et j’aurai une belle maison de briques à Boston, dans l’Avenue Verte. »

En ce temps gisaient au fond de l’Atlantique beaucoup de galions espagnols chargés d’or. Cette rumeur emplissait l’âme de William Phips. Il sut qu’un gros vaisseau avait coulé près de Port de la Plata ; il réunit tout ce qu’il possédait et partit pour Londres, afin d’équiper un navire. Il assiégea l’Amirauté de pétitions et de placets. On lui donna la Rose-d’Alger, qui portait dix-huit canons, et, en 1687, il fit voile vers l’inconnu. Il avait trente-six ans.

Quatre-vingt-quinze hommes partaient à bord de la Rose-d’Alger, parmi lesquels un premier maître, Adderley, de Providence. Lorsqu’ils surent que Phips se dirigeait vers Hispaniola, ils ne se tinrent pas de joie. Car Hispaniola était l’île des pirates, et la Rose-d’Alger leur semblait un bon navire. Et