Page:Schwob - Vies imaginaires, 1896.djvu/135

Cette page a été validée par deux contributeurs.

c’était le premier anniversaire depuis la mort de Béatrice. Il se trouva qu’il avait figuré un ange dont le visage était semblable au visage de la bien-aimée. Onze jours après, le 20 juin, Cecco Angiolieri (Barberino étant occupé dans le marché aux huiles) obtint de Becchina la faveur de la baiser sur la bouche, et composa un sonnet brûlant. La haine n’en diminua pas dans son cœur. Il voulait de l’or avec son amour. Il ne put en tirer aux usuriers. Il espéra en obtenir de son père et partit pour Sienne. Mais le vieil Angiolieri refusa à son fils même un verre de vin maigre, et le laissa assis sur la route, devant la maison.

Cecco avait vu dans la salle un sac de florins nouvellement frappés. C’était le revenu d’Arcidosso et de Montegiovi. Il mourait de faim et de soif ; sa robe était déchirée, sa chemise fumante. Il revint, poudreux, à Florence, et Barberino le mit à la