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sac de cilice sombre, marqué d’une large croix rouge, depuis le col jusqu’aux pieds ; autour de son corps était attachée une peau de bête. Il s’écria d’une voix terrible : Laudato et benedetto et glorificato sia lo Patre ; et les enfants répétèrent tout haut ; puis il ajouta : sia lo Fijo, et les enfants reprirent ; puis il ajouta : sia lo Spiritu Sancto ; et les enfants dirent de même après lui ; puis il chanta avec eux : Alleluia, alleluia, alleluia ! Enfin, il souffla de la trompette et se mit à prêcher. Sa parole était âpre comme du vin de montagne — mais elle attira Dolcino. Partout où le moine au cilice sonna du buccin, Dolcino vint l’admirer, désirant sa vie. C’était un ignorant agité de violence ; il ne savait point le latin ; pour ordonner la pénitence, il criait : Penitenzagite ! Mais il annonçait sinistrement les prédictions de Merlin, et de la Sibylle, et de l’abbé Joachim, qui sont dans le Livre des Figures ;