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mancie, jusqu’au moment où Dolcino découvrit le panier. Il était rempli de pains blancs comme si Jésus de ses propres mains y eût multiplié les offrandes.

Ainsi fut révélé à Dolcino le miracle de la mendicité. Cependant, il n’entra point dans l’ordre, ayant reçu de sa vocation une idée plus haute et plus singulière. Les frères l’emmenaient sur les routes lorsqu’ils allaient d’un couvent à un autre, de Bologne à Modène, de Parme à Crémone, de Pistoïe à Lucques. Et ce fut à Pise qu’il se sentit entraîné par la véritable foi. Il dormait sur la crête d’un mur du palais épiscopal, lorsqu’il fut réveillé par le son du buccin. Une foule d’enfants qui portaient des rameaux et des chandelles allumées, entouraient sur la place un homme sauvage qui soufflait dans une trompette d’airain. Dolcino crut voir saint Jean-Baptiste. Cet homme avait une barbe longue et noire ; il était vêtu d’un