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tre, un brasier d’or jetait une riche lueur. Et sur un lit fait d’un seul diamant taillé, et qui semblait un bloc de feu froid, était étendue une forme vieille, à barbe blanche, le front ceint d’une couronne. Près du roi gisait un gracieux corps desséché, dont les mains se tendaient encore pour étreindre les siennes ; mais la chaleur des baisers s’était éteinte. Et, sur la main pendante du roi Salomon, Sufrah vit briller le grand sceau.

Il s’approcha sur ses genoux et, rampant jusqu’au lit, il souleva la main ridée, fit glisser l’anneau et le saisit.

Aussitôt s’accomplit l’obscure prédiction géomantique. Le sommeil d’immortalité du roi Salomon fut rompu. En une seconde, son corps s’effrita et se réduisit à une petite poignée d’ossements blancs et polis que les délicates mains de la momie semblaient protéger encore. Mais Sufrah, terrassé par le pouvoir de la figure du Rouge dans la mai-