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en a été trempé à Blanzy, et depuis que John Mitchell en fournit les bureaux à toutes les mesures. Tailler une plume il faut, néanmoins, comme on dit « le courrier » quand on entend le facteur des postes, ou « cacheter » une enveloppe pneumatique. Plume bien taillée : cela, jeunes gens, vous a un joli fumet dix-huitième siècle autant que les solives peintes et les faux croisillons. Cultivez votre plume, disait Sosthène de la Rochefoucauld (non celui de chez Maximes — ce n’est pas le même prénom — vous vous en souvenez) ; taillons nos plumes, Messieurs, répéterai-je. Ayez toujours vos plumes bien taillées — et veillez-y soigneusement chez les autres.

Par bonheur un journaliste — un maître — avait déjà parlé. Juro in verba magistri. Il faut être sûr d’avoir une plume et il faut ensuite ne pas la tremper dans tous les encriers. Si j’avais des lettres, et de l’or, cette phrase serait imprimée dans mon livre avec des lettres d’or. Le grand homme qui l’a écrite, si je ne me trompe, a médité dès longtemps sur les plumes. Je crois l’entendre encore : (il y a quinze ou vingt ans — mais le temps ne fait rien à l’affaire). — « Bossuet, nous disait-il, écrit avec une plume d’aigle ; Fénelon avec une