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enfants qu’elle ferait rire ; et elle attendait, sa petite main vide, de pouvoir se pelotonner et se nicher dans sa faim et sa pauvreté.

Elle était toujours entourée d’enfants qui la considéraient avec des yeux élargis. Mais elle préférait peut-être l’enfant qui venait passer près d’elle les heures du jour. Cependant elle partit et le laissa seul. Elle ne lui parla jamais de son départ, sinon qu’elle devint plus grave, et le regarda plus longtemps. Et il se souvint aussi qu’elle cessa d’aimer tout ce qui l’entourait : son petit fauteuil, les bêtes peintes qu’on lui apportait, et tous ses jouets, et tous ses chiffons. Et elle rêvait, le doigt sur la bouche, à d’autres choses.

Elle partit dans un soir de décembre, quand l’enfant n’était pas là. Portant à la main sa petite lampe haletante, elle entra, sans se retourner, dans les ténèbres. Comme l’enfant arrivait, il aperçut encore à l’extrémité noire de la rue étroite une courte flamme qui soupirait. Ce fut tout. Il ne revit jamais Monelle.


Longtemps il se demanda pourquoi elle était