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Mais Monelle tira de sa poche un dé de plomb, un petit sabre d’étain, une balle de caoutchouc.

— Tout cela est pour eux, dit-elle. C’est moi qui sors pour acheter les provisions.

— Et quelle maison avez-vous donc, et quel travail, et quel argent, petite…

— Monelle, dit la fillette en me serrant la main. Ils m’appellent Monelle. Notre maison est une maison où on joue : nous avons chassé le travail, et les sous que nous avons encore nous avaient été donnés pour acheter des gâteaux. Tous les jours je vais chercher des enfants dans la rue, et je leur parle de notre maison, et je les amène. Et nous nous cachons bien pour qu’on ne nous trouve pas. Les grandes personnes nous forceraient à rentrer et nous prendraient tout ce que nous avons. Et nous, nous voulons rester ensemble et jouer.

— Et à quoi jouez-vous, petite Monelle ?

— Nous jouons à tout. Ceux qui sont grands se font des fusils et des pistolets ; et les autres jouent à la raquette, sautent à la corde, se jettent la balle ; ou les autres dansent des rondes et se prennent les mains ; ou les autres dessi-