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éternels. Elles désespéraient du travail de la vie. Tout n’était que passé pour elles.

En ces jours mornes, sous cette saison pluvieuse, très pluvieuse, j’aperçus les minces lumières filantes de la petite vendeuse de lampes.

Je m’approchai sous l’auvent, et la pluie me courut sur la nuque tandis que je penchais la tête.

Et je lui dis :

— Que vendez-vous donc là, petite vendeuse, par cette triste saison de pluie ?

— Des lampes, me répondit-elle, seulement des lampes allumées.

— Et, en vérité, lui dis-je, que sont donc ces lampes allumées, hautes comme le petit doigt, et qui brûlent d’une lumière menue comme une tête d’épingle ?

— Ce sont, dit-elle, les lampes de cette saison ténébreuse. Et autrefois ce furent des lampes de poupée. Mais les enfants ne veulent plus grandir. Voilà pourquoi je leur vends ces petites lampes qui éclairent à peine la pluie obscure.

— Et vivez-vous donc ainsi, lui dis-je, petite vendeuse vêtue de noir, et mangez-vous par