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venir. Ne me le prends pas, méchante Ilsée. Après que nous serons mariés, je lui permettrai de t’embrasser avec moi. Ris, Ilsée. Tu seras avec nous. »

Ilsée devint jalouse de l’autre Ilsée. Si la journée baissait sans que l’aimé fût venu : « Tu le chasses, tu le chasses, criait Ilsée, avec ta mauvaise figure. Méchante, va-t-en, laisse-nous. »

Et Ilsée cacha sa glace sous un linge blanc et fin. Elle souleva un pan afin d’enfoncer le dernier petit clou. « Adieu, Ilsée, » dit-elle.

Pourtant son fiancé continuait à sembler las. « Il ne m’aime plus, pensa Ilsée ; il ne vient plus, je reste seule, seule. Où est l’autre Ilsée ? Est-elle partie avec lui ? » De ses petits ciseaux d’or, elle fendit un peu la toile, pour regarder. Le miroir était couvert d’une ombre blanche.

« Elle est partie, » pensa Ilsée.


— Il faut, se dit Ilsée, être très patiente. L’autre Ilsée sera jalouse et triste. Mon aimé reviendra. Je saurai l’attendre.

Tous les matins, sur l’oreiller, près de son