Page:Schwob - La Lampe de Psyché, 1906.djvu/191

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

barbe bleue, et que vous demeurez dans un splendide château. Vous ne me ferez pas de mal, jamais, jamais ? »

Elle l’implora du regard.

— Là, maintenant, tu m’as demandée en mariage, et mes parents ont bien voulu. Nous sommes mariés. Donne-moi toutes les clefs. « Et qu’est-ce que c’est que cette jolie toute petite-là ? » Tu vas faire la grosse voix pour me défendre d’ouvrir.

Là, maintenant, tu t’en vas et je désobéis tout de suite. « Oh ! l’horreur ! six femmes assassinées ! » Je m’évanouis, et tu arrives pour me soutenir. Voilà. Tu reviens en Barbe-Bleue. Fais la grosse voix. « Monseigneur, voici toutes les clefs que vous m’aviez confiées. » Tu me demandes où est la petite clef. « Monseigneur, je ne sais : je n’y ai pas touché. » Crie. « Monseigneur, pardonnez-moi, la voici : elle était tout au fond de ma poche. »

Alors tu vas regarder la clef. Il y avait du sang sur la clef ?

— Oui, dit-il, une tache de sang.

— Je me rappelle, dit-elle. Je l’ai frottée,