s’abattaient invisibles. Des rangs infinis de guerriers à crinières mouvantes s’avançaient dans une charge implacable et sombraient parmi le champ de bataille sous le flottement d’un interminable linceul.
Au détour d’une falaise l’enfant vit errer une lumière. Il s’approcha. Une ronde d’autres enfants tournait sur la grève, et l’un d’eux secouait une torche. Ils étaient penchés vers le sable à l’endroit où viennent expirer les longues lèvres de l’eau. Alain se mêla parmi eux. Ils regardaient sur la plage ce que venait d’y apporter la mer. C’étaient des êtres rayonnés, de couleurs incertaines, rosâtres, violacés, tachés de vermillon, ocellés d’azur, et dont les meurtrissures exhalaient un feu pâle. On eût dit des paumes de mains étranges, autour desquelles se crispaient des doigts amincis ; mains errantes, mortes naguère, rejetées par l’abîme qui enveloppait le mystère de leurs corps, feuilles charnues et animées, faites de chair marine ; bêtes astrées vivantes et mouvantes au fond d’un ciel obscur.
— Etoiles de mer ! Etoiles de mer ! criaient les enfants.