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cure, et la face du miroir rustique ne refléta plus le rire lumineux du ciel.

Mais dans les rêves de l’enfant les étoiles riaient toujours.

Une nuit il s’échappa de la hutte tandis que sa grand’mère dormait. Il portait dans un bissac du pain et un morceau de fromage dur. Les meules de charbon luisaient paisiblement d’une lueur étouffée. Comme ces points rouges semblaient tristes auprès des vivaces étincelles du ciel ! Les chênes, dans la nuit, n’étaient que des ombres aveugles qui allongeaient leurs longues mains à tâtons. Ils dormaient, comme sa grand’mère, mais ils dormaient debout. Ils étaient tant qu’ils se fiaient les uns aux autres de leur garde. On ne les entendait pas souffler pendant leur sommeil. Ils resteraient ainsi, très silencieux, jusqu’au premier fraîchissement de l’aube. Mais quand le vent du matin ferait murmurer les feuilles, Alain aurait déjà trompé leur surveillance. Tous les oiseaux pépieraient et pépieraient pour les avertir : Alain aurait déjà glissé entre leurs bras. Ils ne pourraient le suivre, car ils avaient horreur de la plaine. Ils auraient beau