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celle-ci : « premièrement on disait toi tonnant ; à présent c’est tézière ou tezingand ». Dans la dernière phrase du petit livre de Pechon de Ruby on lit : « ..... à sonen et tesis et mesis, etc. ».

Examinons maintenant les vers de Villon :

« Et babignez toujours aux ys
Des sires pour les desbouser.....
Et que vos emps n’en aient du pis.....

(Ball., I.)

Men ys vous chante que gardez
Que n’y laissez et corps et pel.....

(Ball., II.)

Voz ans n’en soient rouppieux.....
Et autour de vos ys lurie.

(Ball., V.)

Voz ens soient assez hardis.

(Ball., VI.)

Du mot meziis (Pech. de Ruby) naît immédiatement la correction mezys au lieu de menys. La confusion de z et d’n est fort probable en paléographie et en impression du xve siècle. On devra lire vozis comme le nozis de Pech. de Ruby. La séparation du suffixe ys dans « aux ys des sires » n’a rien de plus surprenant que les formes modernes la lampagne du can (campagne. Richepin. Ch. des Gueux), †lanette du ca (canette), †latron du pa (patron), etc. L’accord au pluriel dans « Voz ans n’en soient rouppieux » est suivi par Pech. de Ruby : « Le grand Coesre me monstre comme ensuit : Vosis attriment au tripeligourt ? Je respons : Gis, etc. »

Il ne faut donc pas chercher à expliquer ys comme MM. Vitu et Schöne, l’un par huis (porte) ou issa (corde), l’autre par whistle (sifflet, voix). C’est un simple suffixe argotique. Tout au plus peut-on dire qu’on se trouve peut-être en présence d’un suffixe qui a gardé une trace de conscience, comme la finale ment des adverbes. Nous sommes heureux d’être, pour cette correction, d’accord avec M. Bijvanck, auteur d’une savante édition du Petit testament de Villon. Par une méthode toute différente, et en considérant l’usage d’ipse, es, is dans les textes du xve siècle ainsi que quelques locutions des farces (menimes, menigues, etc.), M. Bijvanck est arrivé au même résultat. Peut-être faut-il reconnaître ys dans la première ballade du ms. de Stockholm :

Plantez vos histz jusques elles rappasse.

(Lecture de M. Vitu)

M. Bijvanck a collationné le ms. de Stockholm et lit « hisez ». Ces ballades ayant été dictées, on peut corriger :

Plantez vozys jusques elles rappasse.