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habilite l’ancienne Passion en l’idéalisant : il écrit la Passion selon St Matthieu.

De quelque côté qu’on le considère, Bach est donc le dernier terme d’une évolution artistique qui, préparée dès le Moyen-Âge, dégagée et activée par la Réforme, arrive à son plein épanouissement au xviiie siècle. Le choral est au centre de cette évolution. Son histoire s’impose donc comme le prélude nécessaire d’une étude sur Bach.


II. L’origine des textes de chorals[1]

Hoffmann von Fallersleben. Geschichte des deutschen Kirchenliedes bis auf Luthers Zeit. 1854. 3e Ed. 1861.
Philipp Wackernagel. Das deutsche Kirchenlied von der ältesten Zeit bis zu Anfang des 17ten Jahrhunderts. 5 Volumes. 1864-1877.
Fischer. Kirchenliederlexikon. Perthes. Gotha 1878.
E. Koch. Geschichte des deutschen Kirchenlieds und Kirchengesangs. Volumes. 3e Edit. 1866.
E. Wolf. Das deutsche Kirchenlied des 16ten und 17ten Jahrhunderts. 1894. Stuttgart.
Albert Knapp. Evangelischer Liederschatz. 2 Volumes. 1ère Ed. 1837.
Philipp Dietz. Die Restauration des evangelischen Kirchenlieds. Marburg 1903.
Voir la bibliographie complète dans la Realencyclopädie für Theologie und Kirche de Hauck, article « Kirchenlied ». Leipzig. Hinrichs. 1901.

Il était d’usage dans l’Église des premiers siècles que l’assemblée des fidèles prît une part directe au culte en chantant des hymnes, des Amen, des Kyrie et certaines doxologies. Mais au tournant du vie et du viie siècle, l’introduction du chant Grégorien détermine une révolution qui supprime cette participation des fidèles au profit d’un chœur. De l’ancien usage, il ne subsiste que quelques petits privilèges accordés au peuple, entre autres, celui de chanter le Kyrie à l’office de Pâques. C’est de là, précisément, que va sortir la poésie spirituelle allemande. En un pays où le peuple faisait grand cas de son privilège, on en vint, au xiie siècle, au plus tard,

  1. Les chorals de Bach sont cités d’après l’édition Peters où ils remplissent les volumes V, VI, VII des œuvres pour orgue.