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194 La genèse des œuvres de Bach

remanier ses anciennes compositions. Le second recueil de préludes et fugues appartient déjà à cette époque et nous pouvons préciser l’histoire de certains de ces morceaux à l’aide de copies qui nous en montrent le devenir à travers les différents stades de la vie de Bach. Le prélude en do majeur, par exemple, a subi deux, sinon trois transformations, avant d’atteindre la forme sous laquelle il apparaît dans la seconde partie du Clavecin bien tempéré. Primitivement, il ne comptait que dix-sept mesures ; dans la rédaction finale, il en a trente quatre. Bach a donc continué à faire sur ses propres compositions, ce que jadis, au moment où il essayait ses forces, il s’était amusé à faire sur les concertos et les sonates des compositeurs italiens. On sent qu’il éprouve un réel plaisir à développer, allonger, corser un morceau, pour lui donner une nouvelle forme, sans porter atteinte, toutefois, au plan primitif. Somme toute — et l’on ne saurait s’y tromper — il y a dans le second recueil des morceaux qui remontent au delà de l’époque où Bach composa la première partie du Clavecin bien tempéré, c’est à dire jusqu’à la première époque de Weimar. Parfois, entre deux morceaux qui se font suite, il s’est écoulé un espace de près de trente ans. Aussi, la seconde collection, pour cette raison même, est-elle plus inégale que la première, encore que plus grandiose dans certaines parties, surtout en ce qui concerne les fugues. Il fut un, temps où l’on préféra la seconde partie, que l’on plaçait même, dans certaines éditions, avant la première.

La première édition du Clavecin bien tempéré parut en 1800, chez Nägeli, à Zurich, et fut aussitôt reproduite par Richault à Paris ; la première édition Peters est de 1801. Mais ces éditions, et toutes celles qui les suivirent — il y en eut une dizaine jusqu’en 1860 — étaient plus ou moins inexactes ; nous ne possédons le texte authentique que par l’édition qu’en fît la Bachgesellschaft en 1864, en collationnant tous