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parties — font suite à ces préludes pour commençants. Auparavant, dans le Clavierbüchlein de Friedemann, il avait appelé Préambules des morceaux de ce genre ; plus tard, il fut longtemps à se demander s’il les appellerait Fantaisies ou tout simplement Préludes. C’est en 1723, à la fin du séjour de Cöthen, qu’il réunit les Inventions et les Sinfonies, ou pour mieux dire, qu’il opéra le triage parmi tous les morceaux de clavecin qu’il avait écrits à l’usage de ses fils élèves. En même temps, on s’en souvient, il réunit dans un recueil les petits chorals pour orgue. Nous possédons encore, dans le genre des Inventions, plusieurs petits morceaux que Bach n’a pas admis dans la collection parce qu’ils ne le satisfaisaient pas : ils ne cadraient pas entièrement avec la nouvelle forme qu’il s’était proposé de donner aux morceaux du recueil en question.

Comme les petits chorals, en effet, les Inventions et les Sinfonies sont, elles aussi, des créations tout à fait nouvelles ; en vain chercherait-on dans toute la littérature précédente des morceaux qui leur ressemblent, ne fût-ce que de loin. C’est que Bach a abandonné la forme du « Lied » en deux parties qui, jusqu’alors, était universellement admise dans les compositions pour clavecin, créant ainsi une forme entièrement libre, sans parties répétées et sans plan aucun, ce qui lui permettait de développer un motif tout à son aise. C’est justement la conscience de cette nouveauté qui le faisait hésiter sur le nom à donner. Cette fois encore, il suit tout naturellement l’instinct du génie allemand. Il se rend compte que sa musique, exige des formes plus libres et plus souples que la musique italienne qui, avant tout, est mélodie. Le courage de s’émanciper ne lui manque que pour la musique de chant : malgré tous les efforts tentés, il n’arrivera pas à s’affranchir de l’air en ritournelle.

Les Inventions et les Sinfonies se trouvent presque au complet, déjà, dans le Clavierbüchlein de Friedemann ; en