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Les femmes reçoivent, en naissant, du ciel (ou de l’enfer !) la grâce, la coquetterie ; elles savent être charmantes avec un rien, faire d’une fleur ou d’un nœud de ruban, un bijou. On dit, avec raison, qu’elles ont des doigts de fées : en un tournemain elles font de leur chevelure un léger édifice de boucles et de coquilles. Elles savent se voiler de dentelles comme d’un nuage. Et puis, ne se parent-elles pas de tout ce qu’il y a de joli sur la terre, des pierres précieuses qui jettent mille feux étincelants, des plumes des oiseaux aux couleurs chatoyantes, des fourrures si douces, des fleurs, des papillons, des soies ? Comment voulez-vous qu’avec ces dons et ces artifices il y ait une femme laide ? Ne dites pas qu’il faut de l’argent : la cocarde de Mimi Pinson ne coûte pas cher, et elle est délicieuse.

Et que serait, au sens où on l’entend, une femme vraiment laide ? Ce serait une femme qui n aurait que de rares cheveux, des yeux petits et sans expression, un nez en pied-de-marmite, une bouche démesurée et sans dents, une femme qui n’aurait pas de lignes, qui serait une perche ou un hippopotame ! Mais, la femme « complètement » laide n’existe heureusement pas. S’il en existait une, on la montrerait dans les foires, comme un phénomène. Une femme peut n’avoir pas des lèvres bien dessinées, mais elle a de grands et profonds yeux, ou une chevelure luxuriante, ou des hanches d’amphore. Et soyez persuadés qu’elle saura faire oublier sa bouche, et ne faire penser qu’à ses yeux, ou à sa chevelure, ou à ses hanches. Si cela n était, Dieu aurait donné à la femme, contre la force physique de l’homme, une autre arme que la beauté. Mais non, Dieu a distribué la beauté à toutes les femmes comme il a distribué la force à tous les hommes — plus ou moins généreusement, voilà tout. Il a donné à l’une de jolis pieds, petits, bien cambrés, à l’autre des mains mignonnes, blanches, aux doigts minces, terminés par des coquillages rosés en ovale, à celle-ci des cheveux soyeux et bouclés, à celle-là une nuque élancée, à chacune il a donné sa part de beauté.

Il a donné, surtout, aux femmes, le don de plaire et d’être aimées, c’est-à-dire ce don qui leur permet d’aveugler les hommes les plus rusés, les plus clairvoyants, qui fait que l’amoureux trouve blanche comme l’ivoire la main rouge de la bien-aimée, et rondes comme la lune ses épaules en portemanteau. Demandez à un amoureux quelle est la plus belle femme de France : avec lui il n’y a pas de concours ! il vous répondra immédiatement : « Celle que j’aime ! »