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corbeau croasse gaiement, aussi gaiement que le peut un corbeau.

C’est l’heure de Sabbat.

Les paysans attardés aux travaux des champs excitent leurs chevaux, point soucieux de rencontrer l’idiot, la folle, celle qui rampe, le bossu, celle qui bégaye, celle qui a un bec de lièvre, l’aveugle, les monstres du village, ceux qui vont au sabbat, et ils se signent largement en passant devant le calvaire.

… Sabbat ! Sabbat ! La nature entière est à tes invités. Quel remue-ménage ! Que de personnes, que d’animaux conviés à la fête ! Shatan donne, ce soir, une grande réception ! Et quels équipages baroques, quelles montures fantastiques ! Voici les sorciers riches, les princes, les grands ducs, les parvenus, sur d’énormes boucs aux cornes dorées, à la barbe bien peignée ; en voici d’autres, moins magnifiques, sur le cheval de l’Apocalypse ; en voilà qui font des économies, qui sont trois sur le même bidet ; ceux-ci s’accrochent à une grenouille plus grosse qu’un bœuf, ceux-là — les pauvres ! — ont simplement enfourché un manche à balai, un bâton. Il en est, même, qui volent sans aide.

Mais, tous emportent quelque chose pour le Maître. Ce ne sont pas, d’ailleurs, les choses les plus somptueuses qu’il préfère : il méprisera la bourse de deniers et sourira au crâne ou au