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SABBAT !
 

Il vient de pleuvoir. Une fraîche odeur de terre mouillée s’exhale. Les feuilles luisantes dégouttent. Une grande paix règne maintenant, Les prairies vont pouvoir s’endormir. Pourtant quelques oiseaux, joyeux de la fin de l’orage, se remettent à jeter des petits cris, comme au commencement de la journée. Le soleil, aussi, ne peut se décider à attendre le lendemain pour reparaître : sa boule rouge, aveuglante, dissipe les nuages, éclate parmi le vert-nil, le jaune-cuivre, le rouge-écarlate. Et tout s’assoupit, s’éteint dans une mélancolie infiniment douce.

Une étoile luit, puis une autre, puis beaucoup, Par l’immense silence de la campagne neuf heures sonnent là-bas, au vieux clocher.

Un appel bizarre a retenti, une voix qui n’est pas une voix, un son qui n’est pas un son, un souffle qui n’est pas un souffle, Et d’étranges ombres passent dans la nuit, des loques, des figures, des monstres, des boucs si rapides qu’à peine on les devine. Les arbres tremblent, les feuilles frissonnent, et l’on ne sent le moindre vent, l’eau de la mare bouillonne, et nul poisson ne l’agite, les fleurs se ferment, se dissimulent sous l’herbe, et nulle main ne les touche, les petits oiseaux se resserrent les uns contre les autres, et nul froid ne les glace. Seul, un gros