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pas une marque moins certaine, parce que l’Esprit humain ne sçauroit avoir d’idée, ni parler d’une chose qu’il n’a pas apprise suivant cet axiome qu’il n’y a rien dans l’entendement que par l’entremise des sens, notre âme n’aïant en elle aucune idée ou connoissance purement naturelle ; car, quoique plusieurs personnes assurent avec Lemnius que l’âme, étant comme ensevelie dans la matière, et accablée sous le poids des humeurs, se développe, et fait paroître ses forces, soit par l’inflammation des Esprits, ou par l’agitation des humeurs, et qu’elle parle pour lors une langue inconnue aux malades, et que cela se fait à peu près comme quand on fait sortir du feu d’une pierre à fusil, ou comme des choses extraordinaires que l’yvresse produit dans les yvrognes, je ne puis certainement admettre cette expérience : car si elle étoit véritable, on seroit plus redevable à la maladie qu’à la santé, et un dérangement ou une inflammation des Esprits seroit préférable à un bon tempérament : ce qui est une absurdité qui répugne aux maximes du Christianisme. Car si notre âme possédoit tous les arts et sçavoit toutes les langues avant l’usage de raisojn, il s’ensuivroit qu’elle seroit plus ancienne que le corps, et qu’avant leur union elle auroit subsisté quelqu’autre part, et par conséquent qu’il n’y auroit plus de science, mais seulement une réminiscence ; or, il est cer-