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IV

Cuir et Soie[1]


« Je fus convié, il y a quelques mois, à une soirée peu banale.

« Celles qui m’avaient convié étaient vraiment détraquées ! Elles n’éprouvent de plaisir qu’au contact du cuir et de la soie !

« Miss Jane, — appelons Miss Jane cette américaine bien connue de tous ceux qui fréquentent au Café de la Paix — aime le cuir et la soie, elle en aime le toucher énervant, la douceur grinçante, fuyante.

« Elle avait résolu de s’en repaître dans une grande fête.

« Les salons étaient éclairés à giorno, des plantes, des fleurs rares étaient répandues à profusion, des brûle-parfums exhalaient les odeurs les plus suaves. Dès l’entrée, une musique douce et pourtant énivrante surprenait les arrivants. Des glaces, tapissant les murs, reflétaient mille fois les images. Des tapis moelleux étouffaient les pas. C’était une atmosphère de Paradis, de rêve.

  1. Manuscrit inédit de Wilde. Traduction de Jean Laurent.