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de velours s’écartait, et une petite salle brillamment éclairée apparaissait. Décor prétentieux et peu coûteux ! Des glaces sillonnées de noms tracés avec des morceaux de verre, des divans défoncés, un tapis usé, des lanternes japonaises. Et là-dedans des hommes (?) costumés, puant le mauvais savon et l’odeur bon marché, vêtus d’oripeaux, des jeunes gens à la tête de vieux, des vieux à la tête de jeunes, les uns tout nus sous des peignoirs enrubannés, les autres en travestis, escarpins, bas de soie, culottes, chemises à jabots. Des petits pieds cambrés, de hauts talons. D’autres, encore, en maillot, oui, en maillot, comme des femmes ! Et, qui plus est, presque faits comme des femmes ! des poitrines bombées, des croupes provocantes ! les yeux peints, les cheveux parfumés, les lèvres rougies ! Ajoutez la démarche balancée, et des expressions de ce genre :

— Eh… ma toute bonne !

— Ma mignonne !

On cherche « la mignonne », on aperçoit un gros être de cinquante ans, au visage bouffi, à la lèvre lippue ; quand il sourit, il découvre une large bouche à laquelle manquent des dents. « Mignonne » a les mains sales, les ongles noirs. Mais, « Mignonne »