presque méconnaissable. Sa poitrine, jadis
si ferme, commençait à tomber, ses yeux se
creusaient, avaient pris une autre expression
— de haine, d’amour, de soumission, de
défi — l’expression d’une âme qui sombre
et se défend, d’une âme qui se détraque, qui
ne se possède plus. Cela, évidemment, ne
pouvait durer longtemps. Par ci, par là, elle
avait des lueurs de raison, elle se demandait
ce qu’elle faisait, quelle fascination cet homme
exerçait sur elle.
Marcus n’avait pour lui qu’une chose : il était brave, se fichant de tout. Il était arrivé avec un nouveau lion à des résultats vraiment terrifiants. Entre l’homme et la bête c’était une lutte effroyable, lutte d’audace, d’aplomb, de défi. Lorsque le dompteur terminait son travail en ouvrant de ses mains la gueule formidable du fauve et en y plongeant la tête, les spectateurs frémissaient, haletaient, les femmes pâlissaient. À ce moment, le moindre bruit inaccoutumé, le moindre choc eût amené une catastrophe. C’était, alors, un silence d’une impressionnante solennité.
… Cet après-midi-là, le dompteur s’était montré d’une particulière cruauté vis-à-vis de la femme. Il l’avait forcée à prendre les