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chose attendue, inéluctable, terreur de la désillusion, d’une souillure éternelle, d’une défloraison infiniment triste…

Que le Comte était loin de ces beaux héros, de ces princes charmants, de ces seigneurs d’amour dont elle lisait avidement les merveilleuses aventures dans les vieux romans allemands ! Ceux-ci lui apparaissaient moitié hommes, moitié dieux, parlant en vers, parlant un langage divin, et guerroyant, et risquant leur vie pour l’amour de leurs dames, leur envoyant de Palestine de longs messages d’amour ! Toujours ce mot « amour »… Ce mot sonnait sans cesse à ses oreilles d’un tintement à la fois cristallin et grave, avec des notes de cloche d’angélus et des notes d’enfant de chœur…

Mourrait-elle donc sans avoir connu l’amour ?

Quelquefois, épouse fidèle, elle s’adressait de cruels reproches, s’accusant de ne pas savoir aimer le Comte, elle s’efforçait de se le représenter comme quelque brave guerrier, défiant la mort, confiant dans sa force, domptant les chevaux indomptables, ne craignant que Dieu. Mais, tout de suite, l’homme hideux qu’il était se dessinait à ses