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Et ses suivantes, aussi, aimaient ! Et les filles de ferme ! et les femmes de la cuisine ! Et les soldats du comte ! Et les valets ! Partout, dans la campagne, dans les maisons, c’étaient des soupirs d’amour, partout l’amour régnait en maître, de la terre au ciel !

Les bêtes, aussi, aimaient : on voyait les chiens en rut, les chiennes en chaleur courir, affolés… Et, la nuit, les vers luisants brillaient de toute leur phosphorescence, pour plaire, sans doute…

… Mariée à l’âge de seize ans au Comte de Marnay, Yolande de Dusseldorff n’avait jamais aimé. Aurait-elle donc pu aimer ce rustre qui traitait les femmes comme il traitait les chevaux, ce soudard sentant le vin et l’écurie, toujours pressé, qui faisait l’amour à la façon des bêtes, sans phrases, sans caresses, simplement pour assouvir ses besoins, pour se soulager, prenant les filles des fermes, les souillons des cabarets, ignorant de la Beauté, de la Grâce, de la Pudeur, de tout ce qui est la Femme enfin ?

Yolande frémissait à la seule pensée de l’homme, mais elle frémissait, non de désir, mais bien d’une vague terreur — qu’elle n’aurait pu définir elle-même — terreur de la domination, du maître, terreur de la