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l’amour par la haine. On la force à la haine, on la force à penser à vous pour vous haïr, et penser à quelqu’un c’est presque l’aimer. Haï de toi, je ne te suis pas indifférent.

« Il y a encore ceci : tue-moi. Mais, tue-moi donc ! Viens sur mon chemin, et tue-moi ! Viens chez moi, sonne, et tue-moi ! Je ne me défendrai pas, je te le jure. Il me semble qu’au moment où tu tireras sur moi je ressentirai une jouissance que tu ne m’as jamais fait éprouver. Hein ? attendre une balle de revolver pour vraiment posséder la femme qu’on aime !

« Tout, tout, sauf l’indifférence, sauf les lettres sans réponse. En amour, tous les moyens sont bons, tous sont propres, même les plus sales, même les lettres anonymes, même les calomnies. L’amour donne tous les droits, celui de mentir, celui de calomnier, il purifie tout, il ne connaît pas de lois, pas de bornes. L’amant ne s’avilit pas à dégoûter de sa maîtresse par les trucs les plus infâmes ceux dont il est jaloux : qu’il leur dise qu’elle court les maisons de rendez-vous de vingt-cinquième ordre, qu’elle est malade, il le peut, il en a le droit !

« On m’affirme que j’amuse tout Paris en ce moment. Je m’en moque. On m’a rap-