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Vous rappelez-vous les pages dans lesquelles il montre l’écrivain Claude Larcher s’excitant en salissant sa maîtresse, en la transformant en héroïne de nouvelles peu honnêtes, et courant toujours après elle ?

Je serais presque tenté de ne voir en cet amour que de l’exaspération intellectuelle, la conséquence de ce matérialisme spirituel qui change nos hommes de lettres en chirurgiens. Ils ne s’embarrassent plus de psychologie, ils ne s’intéressent qu’à la physiologie, à la pathologie. L’amour devient une maladie, un mal physique et moral, une neurasthénie spéciale. Celui qu’elle atteint n’aperçoit dans la femme qu’il désire qu’une femelle, cependant qu’il se délecte à l’analyse et à la synthèse de sa propre souffrance, au dépeçage de son propre cerveau. Les deux affaires sont absolument distinctes : d’un côté, la femme, plus ou moins désirable objectivement, charnellement, négligeable ; de l’autre, la même femme infiniment précieuse en tant que sujet d’expérience, thème à surchauffer la passion, la haine, la charité, la colère, le pardon, la vengeance, prétextes à phrases, paradoxes.

Remarquez — et c’est l’horreur (et aussi l’excuse) de son cas — la sincérité de D. Il croit aimer. Le malheureux ne comprend