ne sont pas aussi violents. Cette remarque est exacte ;
malheureusement, je ne puis pas y répondre. Et
pourtant mes observations et mes expériences personnelles
m’ont convaincue de plus en plus que la sensualité
consciente n’est pas aussi développée chez la
femme que chez l’homme ; elle s’éveille, est peu à peu
provoquée, et c’est seulement entre trente et quarante
ans qu’elle est aussi exigeante chez la femme que
chez l’homme. Il m’est incompréhensible que tant de
femmes se laissent si facilement séduire pour leur
malheur quand elles ne sont en rien les complices de
l’homme. Je ne suis jamais arrivée à trouver une
explication à cette contradiction. Rien n’est favorable
à l’homme quand il veut pousser une de ces innocentes
à s’abandonner complètement. La douleur
physique de la première approche est si grande que
c’est un avertissement, cela incite à réfléchir et à
ne pas aller plus loin dans le sentier du mal. La
crainte des suites inévitables les retient aussi, car
bien peu de jeunes filles sont assez sottes pour ne pas
savoir ce qu’elles risquent. Les statues, les tableaux,
le spectacle de l’accouplement des animaux, les lectures
inévitables, les conversations de pensionnat, etc.,
tout instruit la plus naïve comme si elle avait les
mille yeux d’Argus. Oui, et pourtant je dois vous
l’avouer, et je ne trouve pas d’autre explication, ce
sont la curiosité et le besoin de se donner entièrement
à l’homme aimé qui les poussent. Mais combien
se donnent sans amour ? Combien pleurent et sanglotent
sans se défendre ? Ceci est un des plus admi-
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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS