têtes, bouche à bouche, buvant des baisers. Puis le
comte poussa un profond soupir auquel répondit un
autre soupir de la baronne. Ils restèrent un bon
quart d’heure étroitement enlacés, sans que la baronne
détendît son étreinte, et Marguerite m’avoua
qu’elle avait des fourmis dans les jambes à cause
de tous les désirs extraordinaires qu’elle éprouvait.
Mais elle m’avoua aussi qu’après ce qu’elle
venait d’apercevoir elle désirait une autre satisfaction.
Marguerite m’apprit aussi le but et l’emploi de l’engin de sûreté qui évitait tant de malheurs et de honte dans le monde. Elle en comprit immédiatement l’usage quand elle vit la baronne tirer le cordon rouge qui pendait et en plaisantant, en souriant, déposer le tout sur la table de nuit. C’était donc le paratonnerre d’une électricité pleine de dangers et qui permettait aux filles, aux veuves et aux femmes vivant aux côtés d’un homme fatigué de s’adonner sans crainte à l’amour. Marguerite en avait assez vu. Elle pouvait obliger la baronne à se confesser. Quoique pleine de feu, elle renonça de faire encore cette nuit plus ample connaissance avec le comte. Elle voulait être sûre qu’il emploierait aussi ce préservatif ; elle ne voulait pas trop risquer. Elle me dit aussi qu’il lui aurait été désagréable d’être la deuxième. Elle regagna prudemment sa chambre, mais en claquant la porte derrière elle. Elle jubilait, le prince allait l’attendre vainement une partie, de la nuit. Elle avait tous les fils en main pour dominer la situation. Elle voulait