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IV

MARGUERITE


Il est bien rare que deux femmes aient autant de points communs dans leurs penchants, dans leur vie et même dans leur destin que Marguerite et moi. Quand elle me mettait en garde contre un abandon trop complet à l’homme et qu’elle me détaillait toutes les suites malheureuses qu’une telle faute de conduite apporte lors du mariage, je n’aurais jamais pensé que moi aussi j’aurais un tel moment d’oubli. Avant de continuer, je vais vous raconter succinctement ce que j’ai appris de la vie de Marguerite, durant ces quelques nuits et dans nos relations ultérieures. Cela expliquera bien mieux que je ne pourrais le faire certains événements, certaines aberrations de ma vie.

Elle était née à Lausanne. Après avoir reçu une très bonne éducation, elle devint orpheline à dix-sept ans. Elle possédait une petite fortune et croyait son avenir assuré. Mais elle eut le malheur de tomber entre les mains d’un tuteur sans conscience. Il n’était pas trop sévère, mais il lui détourna bientôt son petit pécule.