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III

LEÇONS D’AMOUR


Marguerite était mon seul espoir. J’aurais voulu passer tout de suite de son côté et me coucher dans son lit. Je l’aurais suppliée, menacée ; elle aurait dû m’avouer et m’expliquer ces choses étranges, défendues et excitantes que je connaissais d’aujourd’hui. Elle m’aurait appris à les imiter, ce dont j’avais si fortement envie. Je possédais déjà cette froide raison et cet esprit pratique qui m’évitèrent plus tard bien des choses désagréables. Un hasard pouvait me trahir et je pouvais être surprise, ainsi que j’avais surpris mes parents. Je sentais qu’il s’agissait de choses défendues ; je voulais prendre mes précautions. J’étais en feu et mon corps, çà et là, me démangeait et me picotait. Je serrais étroitement mes oreillers, et quand j’eus pris la résolution d’accompagner mon oncle à la campagne, pour trouver l’occasion de parler avec Marguerite, je m’endormis.

Je n’eus pas de peine à faire accepter mon plan. Mes parents me permirent de passer huit jours à la campagne. La propriété de mon oncle se trouvait à