Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/232

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


229
MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


devrait jamais rien promettre. Vous ne trouverez personne qui puisse vous dire que j’aie jamais promis quelque chose à quelqu’un. Je ne promets même pas de venir à un dîner lorsque je suis invité ; je me contente de confirmer la réception de l’invitation. Je ne paye jamais et je ne joue jamais. Le hasard est une trop grande puissance pour que je songe à lui donner des chances de me vaincre. Et c’est pourquoi je ne promettrais jamais à une femme de lui rester fidèle. Elle doit me prendre comme je suis. Si elle condescend à vouloir partager mon cœur avec d’autres, elle y trouvera assez de place. Ceci est la raison pourquoi je n’ai encore jamais fait une déclaration d’amour à aucune femme ; j’attends toujours qu’elle me dise simplement et franchement si je lui ai assez plu pour qu’elle n’ait plus rien à me refuser.

— Je crois que vous avez rencontré de telles personnes, lui dis-je. Mais je ne comprends pas comment vous avez pu les aimer. Pardonnez-moi, mais une femme doit être bien imprudente qui ose faire les premiers pas, sans attendre que l’homme prenne l’initiative et lui fasse les ouvertures.

— Et pourquoi ? Est-ce qu’un homme ne préfère pas une femme qui l’aime assez pour oser mépriser toutes les lois conventionnelles, à une femme qui joue la comédie ? Les femmes qui se font prier ne le font qu’avec l’intention de céder à la fin. L’homme aimera bien mieux et plus longtemps la femme qui sait sacrifier sa vanité que celle qui ne sait être que coquette. L’amertume pousse les hommes à se venger