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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


vous montrer quelque chose qui va dessiller vos beaux yeux. Ce qu’il est beau ! ajouta-t-elle en me pinçant le derrière.

Je suivis la grosse femme. Elle me mena dans un long-corridor et nous traversâmes plusieurs chambres. Puis elle ouvrit une porte aussi doucement que possible et mit un doigt sur la bouche. La chambre était sombre ; une faible lumière de crépuscule pénétra par la fenêtre voilée de rideaux blancs. Elle prit ma main et me mena vers un sopha posé devant une porte vitrée. J’entendis un faible bruit qui venait de la chambre d’à côté. Je montai sur le divan pour mieux voir ce qui s’y passait. La chambre était éclairée, je voyais tout ce qui s’y passait ; mais les deux filles qui s’y trouvaient ne pouvaient pas me voir. Un vieillard entra ; il était chauve, avait un vilain visage de fauve, il était assez grand et très maigre. J’entendais chaque mot. Une des odalisques avait une verge en main. Elles se déshabillèrent rapidement ainsi que le vieux Céladon, la vraie caricature du Chevalier à la Triste Figure. Ils étaient tous les trois ainsi devant mes yeux. L’homme était laid, un cuir jaune et poilu recouvrait son maigre squelette. Il était juste vis-à-vis de moi. Son nez était petit et son visage tout ratatiné. Je ne le vis pas tout d’abord. Je ne pouvais pas distinguer s’il avait deux bouches au lieu d’une bouche ou un nez, car son nez n’était pas plus grand qu’une fève. Les deux filles prenaient des poses voluptueuses pour l’exciter ; mais cela n’aidait à rien. Alors il se coucha sur trois chaises ; on lui attacha les pieds et les poi-