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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


étions encore dans l’île, étroitement enlacés. Mes jambes étaient sur ses genoux. Il osa enfin une première caresse. Il joua d’abord avec le cordon de mes bottines, puis il me caressa le visage, les oreilles, les cheveux, la nuque et aussi le menton, que j’avais fort joli. À cette première caresse, j’étais déjà hors de moi. Nos bouches s’étaient unies, je suçais ses lèvres et ma langue pénétrait entre ses dents jusqu’à sa langue. Je voulais l’avaler, tant je l’aspirais.

Je ne sais pas comment cela arriva, tout à coup je ne fus plus sur ses genoux. Je le serrais comme pour le briser. Sa main droite jouait avec ma nuque et me semblait moite de fièvre. Il me chatouillait à me rendre folle.

Ce n’était pas l’expérience qui le guidait, mais l’instinct. Il m’avoua plus tard avoir ignoré jusqu’à ce moment la différence du carquois et des flèches. Et cependant il agissait avec une inexpérience aussi adroite que pourrait l’être l’expérience même, et l’on doit remarquer que les gens d’expérience sont souvent malhabiles.

Je m’évanouissais, ce chatouillement était trop fort. Je baissai les yeux et j’aperçus mon superbe compagnon vêtu à la hongroise, ce qui lui seyait à ravir. Je ne lui avais pas encore rendu ses caresses et je brûlais de les lui rendre. Je le sentais tressaillir ; une décharge électrique parcourait nos nuques et nous faisait tressaillir, comme ces malheureux animaux que la foudre frappe tressaillent avant de mourir, au plus fort d’un orage, dans la campagne. Au même