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L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


Mme Dudevant, qu’Alfred de Musset faisait circuler parmi ses amis.

Il y en avait surtout six qui étaient tout particulièrement obscènes. La célèbre femme de lettres initiait des femmes et des jeunes filles aux mystères du service saphique. Dans une de ces images, elle fait l’amour avec un gigantesque gorille ; dans une autre, avec un chien de Terre-Neuve ; dans une autre encore, avec un étalon que deux filles nues tiennent en laisse. Elle-même est agenouillée, on voit sa beauté dans toute sa splendeur, non seulement sa beauté, mais toutes ses beautés, car chacune de ses beautés était bien en évidence. J’ai peine à croire qu’une femme puisse supporter une telle emprise, la douleur doit passer de beaucoup la volupté.

Roudolphine m’a raconté l’histoire de ces images.

Vous ne la connaissez peut-être pas et je la crois assez intéressante pour vous la conter :

George Sand vécut durant plusieurs années très intimement avec Alfred de Musset. Ils voyagèrent ensemble en Italie. À Rome, après une terrible scène de jalousie, ils rompirent complètement. Musset était très discret et respectait plutôt son amante que la femme. George Sand, par contre, racontait partout qu’elle avait lâché le poète à cause de sa faiblesse dans les tournois d’amour ; qu’il était tout à fait impuissant.

Alfred de Musset apprit ces calomnies. Sa vanité en fut blessée, car il perdait ainsi son avantage auprès de toutes les femmes. Il voulut se venger et il fit