croirez peut-être pas, mais c’est bien le livre de Denise
qui me refroidissait.
À mon passage à Vienne, toutes mes connaissances s’étonnèrent beaucoup de ce changement qui s’était produit dans mon physique. J’avais donné rendez-vous à ma mère, elle devait assister à mon triomphe. En me voyant, elle me serra dans ses bras en disant :
— Ma chère enfant, comme tu es belle et comme tu as bonne mine !
Je rencontrai une fois Roudolphine chez Dommaier, à Hilzig. Elle me dévisagea durant quelques secondes, puis me dit qu’elle ne m’avait tout d’abord pas reconnue. Elle aussi avait changé, mais non à son avantage. Elle remplaçait les roses de ses joues par du fard, mais elle n’arrivait pas à cacher les cernes bleuâtres de ses yeux.
— As-tu renoncé aux plaisirs de l’amour depuis que tu as quitté Vienne ? me demanda-t-elle. C’est impossible, car qui a bu de cette ambroisie ne peut plus s’en passer. Mais il y a des natures qui s’épanouissent aux plaisirs de l’amour, au lieu de se faner, et tu leur appartiens !
Je lui affirmais vainement que je menais depuis deux ans une vie de recluse et que je ne m’en portais que mieux.
Elle ne voulait pas le croire ; elle disait que c’était absurde.
— Qui aurais-je pu trouver à Francfort ? lui disais-je. Les boursiers ? Ils sont les antidotes de l’amour, ils n’ont aucune galanterie. Il est indigne