hommes des garçons et des animaux. C’est horrible !
Je me demandais s’il était possible que l’homme se
rassasiât jamais de la volupté ; qu’il eût recours à de
telles excitations ; qu’il désirât des corps torturés, calcinés,
déchirés, à la place de beaux corps blancs. J’eus
peur de l’homme qui avait écrit cela. Avait-il vraiment
mené une telle vie, ou était-ce la débauche de
son imagination qui lui faisait écrire de telles choses ?
Il dit, quelque part, que c’étaient là les mœurs des
chevaliers de son temps et que des scènes semblables
se passaient au Parc-aux-Cerfs.
« Il parle de la volupté de voir mourir des hommes. La fameuse marquise de Brinvilliers déshabillait ses victimes et se délectait aux sursauts et aux contorsions des corps nus de ces malheureux. »
Durant tout le temps que dura cette lecture, durant plusieurs mois, je ne songeai pas une seule fois à faire ce que j’avais fait avec Marguerite et avec Roudolphine. Il me fallait beaucoup de temps pour lire dix volumes de trois cents pages, d’autant plus que je ne pouvais pas consacrer tous mes loisirs à la lecture ; je devais étudier de nouvelles partitions ; tous les jours, il y avait des répétitions ou des représentations ; je recevais et rendais beaucoup de visites ; j’étais invitée à des bals, à des soirées, à des parties de plaisir à la campagne, etc., etc. En outre, je ne savais pas assez bien le français pour comprendre exactement ce que de Sade écrivait, beaucoup de mots m’échappaient, qui n’étaient dans aucun vocabulaire.
Ainsi, je passai deux ans, vivant aussi chastement