plus douce que la musique érudite de l’Allemagne ou
que la musique légère et brillante de la France. Celle-ci
semble toujours avoir été écrite pour danser le
quadrille. Les opéras italiens permettent aux chanteurs
de rendre tout ce dont ils sont capables, la
musique en a été écrite pour eux ; tandis que la musique
allemande était surtout instrumentale, nous
devons toujours nous sacrifier à l’orchestre.
En outre, Francfort est la ville la plus désagréable que je connaisse. L’aristocratie de l’argent et les juifs y donnent le ton. On n’y comprend rien à l’art. Les gens louent une loge, comme à la parade. On ne compte que par sa richesse. L’art n’y peut donc pas fleurir. La passion la plus violente gèle dans cette ville. L’amour et les plaisirs n’y sont pas un besoin naturel, « un rafraîchissement de la rate », comme dit Shakespeare.
Il ne me manquait pas d’admirateurs. Ils étaient de toutes nationalités, mais leurs ancêtres à tous avaient passé la mer Rouge. Ils m’entouraient avec respect, quand j’avais soif de volupté. Il n’y en avait pas un que je crusse digne de recevoir mon amour et le trésor que je portais sans cesse avec moi. Parmi mes collègues, il y avait quelques hommes jolis et galants ; mais c’est un de mes principes de ne jamais choisir un comédien, un chanteur ou un musicien. Ils sont trop indiscrets ; on y risque son honneur et parfois son engagement. Je tiens, à conserver le nimbe de la vertu.
Si, au moins, j’avais pu rencontrer une femme ou