Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/164

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

DEUXIÈME PARTIE

I

CHASTE !


Vous serez très étonné, cher ami, de voir combien les lettres que je vais vous écrire diffèrent de celles que je vous ai écrites jusqu’à présent. Le style, la conception, la philosophie et le point de vue ont changé. Le sujet en sera aussi beaucoup plus varié. Ne pensez donc point que je sois fatiguée d’écrire ou que j’aie trouvé un confident pour continuer mes mémoires. Je devrais alors avoir rencontré un homme auquel je puisse me confier, comme à vous, sans limite. Ceci n’est pas le cas. Il faut connaître les hommes intimement, ainsi que j’ai eu le bonheur de vous connaître, pour oser leur communiquer tout ce que l’on pense et tout ce que l’on sent. Jusqu’à présent je n’en ai rencontré aucun, et surtout pas parmi ceux auxquels je me suis donnée corporellement. Le changement de ma manière d’écrire vient de ce que j’ai changé de point de vue en rédigeant mes souvenirs. Je revis tout au fur et à mesure, je me crois transportée dans les mêmes situations et je n’ai peut-être pas tort d’adapter mon style à chaque nouvelle aventure.

11