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MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


suivent : ils attendent tous un regard, ont tous soif de ses faveurs. Mais, parmi tous ces hommes, comment devais-je trouver celui dont j’avais besoin, celui qui était prêt à contenter tous mes désirs, sans s’arroger aucune autorité ? Il devait être mon esclave, il devait être prêt à voir ma liaison se dénouer à chaque instant, et je devais pouvoir compter sur sa discrétion. Seul le hasard pouvait m’aider à faire cette découverte, et le hasard ne me fut point favorable.

J’avais un engagement d’un an au théâtre de la Porte Kaertner. Il touchait à sa fin ; au moment de le renouveler, on me fit des propositions avantageuses à Budapest et à Francfort. J’aime Vienne, la belle ville impériale. J’aurais préféré y rester, même avec des gages moins brillants. La fortune de mon père avait périclité. Depuis un an je n’avais plus besoin de son aide, mais ma reconnaissance m’obligeait à l’aider dans la mesure du possible. C’est pourquoi je m’engageai à Francfort, où les offres pécuniaires étaient les plus avantageuses. Je quittai Vienne pour un an.

Je pris congé de Roudolphine dans une très courte visite. Le temps et sa jalousie avaient absolument éteint notre amitié, jadis si charmante.