Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/121

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


118
L’ŒUVRE DES CONTEURS ALLEMANDS


tées. La chose se fit toute seule. D’abord la main, en détournant honteusement les yeux, puis la bouche encore hésitante, mais goûtant peu à peu davantage, et à la fin le plaisir tout entier sans honte et sans vergogne. Je ne sais pas ce que les hommes ressentent quand ils osent caresser tous les objets de leurs vœux. Mais si j’ose en conclure par ce que je ressentis en regardant, caressant, baisant, en faisant toutes les folies imaginables avec tout ce qui m’était dévolu alors, vraiment la volupté de l’homme est alors puissante. Ce que je voyais et touchais maintenant, je l’avais déjà vu chez mon père, chez mon cousin et chez le cocher de mes parents. Mais je devais le connaître dans toutes les proportions de sa force et de sa beauté ! Franz était plus jeune que mon père, plus sain et plus robuste que mon cousin, plus aimable et plus tendre que ce grossier valet d’écurie ; donc une expérimentation sans fin. Sans doute, il y a beaucoup de femmes qui, par pudeur ou par afféterie, ne goûtent jamais le plaisir tout entier. Cela dépend de beaucoup de choses. Avant tout du caractère de la femme, puis aussi de la violence de l’homme qui ne s’attarde que très involontairement aux préambules pourtant si agréables et qui pousse immédiatement à l’ultime jouissance. Quant à Franz, il méritait bien ce dédommagement puisque je lui fermais avec tant de constance ce qu’il appelait son paradis. D’ailleurs il était si excité quand il m’avait si longtemps caressée que par simple pitié j’aurais dû faire ce que je faisais avec plaisir. J’avais peu de jouis-