Page:Schröder-Devrient - L’Œuvre des Conteurs Allemands - Mémoires d’une chanteuse Allemande, 1913.djvu/104

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


101
MÉMOIRES D’UNE CHANTEUSE ALLEMANDE


demandais, avec toute ma petite raison de jeune fille indépendante, comment pousser Franz (c’était le nom du jeune musicien) à quelque chose de plus décisif que des soupirs et des regards langoureux durant mes vocalises. Quand une femme cherche des moyens, ils sont bientôt trouvés. Ma vieille parente allait deux fois par semaine au marché faire ses achats nécessaires au ménage. Elle sortait à l’heure de mes leçons. Quand Franz arrivait, la femme de ménage lui ouvrait la porte sans venir l’annoncer, car elle savait que je l’attendais. C’est là-dessus que je fondais mon plan. Entre autres choses, je racontai à Franz que souvent je ne pouvais pas dormir la nuit et que si je me recouchais après déjeuner l’on avait beaucoup de peine à me réveiller tant mon sommeil était lourd. Quand il sut cela, je l’attendais naturellement la prochaine fois, couchée sur le sofa dans une pose choisie. Franz arriva comme d’habitude à dix heures. J’avais relevé une jambe, le mollet était visible jusqu’à la jarretière, mon pied s’était tout naturellement dérangé, nuque et gorge étaient nues. J’avais replié un bras sur les yeux, afin de voir par-dessous tout ce que Franz allait faire. Je l’attendais le cœur battant et sérieusement contente d’avoir aussi bien arrangé ma mise. J’entendis la porte de la cuisine se fermer et bientôt il entra. Il s’arrêta comme pétrifié sur le seuil. Son visage rougit, ses yeux s’avivèrent, ils semblaient vouloir me dévorer, mais me dévorer sans aucune férocité. L’effet de mon aspect était si indubitablement visible que