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FOI ET SAVOIR, RÉVÉLATION


La philosophie, en tant que science, n’a nullement à s’occuper de ce que l’on doit ou peut croire, mais seulement de ce que l’on peut savoir. Ceci différerait-il entièrement de cela, que ce ne serait aucun désavantage même pour la foi. Celle-ci est la foi, parce qu’elle enseigne ce qu’on ne peut pas savoir. Si l’on pouvait le savoir, la foi deviendrait inutile et ridicule. Ce serait à peu près comme si, par rapport aux mathématiques, on établissait un dogme religieux.

À cela on pourrait opposer que, sans doute, la foi peut en tout cas enseigner plus, et beaucoup plus, que la philosophie, mais rien qui soit inconciliable avec les résultats de celle-ci. La science, en effet, est d’un métal plus dur que la foi. Quand elles se heurtent, c’est cette dernière qui se brise.

Quoi qu’il en soit, ce sont par essence des choses différentes qui doivent, dans leur intérêt réciproque, rester rigoureusement séparées. Chacune doit suivre son chemin, sans même faire attention à l’autre.

Les générations éphémères des êtres humains naissent et disparaissent dans une succession rapide, tandis que les individus dansent dans les bras de la mort, en proie