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Le monologue d’Hamlet est-il la méditation d’un crime ? Il dit simplement que si nous étions certains d’être absolument anéantis par la mort, celle-ci, étant donnée la nature du monde, serait incontestablement préférable. But there lies the rub[1]. Quant aux raisons alléguées contre le suicide par les prêtres des religions monothéistes, c’est-à-dire juives, et par les philosophes qui marchent sur leurs traces, ce sont de pauvres sophismes aisés à réfuter (Voir mon traité sur Le fondement de la morale, § 5). Hume les a réfutés à fond dans son Essai sur le suicide, qui n’a été publié qu’après sa mort et qui fut aussitôt supprimé par la honteuse bigoterie et l’ignominieuse tyrannie ecclésiastique existant en Angleterre ; il ne s’en vendit donc qu’un petit nombre d’exemplaires, sous le manteau et à un prix très élevé, et nous sommes redevables de la conservation de tel et tel essai du grand homme à la réimpression de Bâle : Essays on Suicide and the Immortality of the Soul, by the late David Hume, Basel, 1799, sold by James Decker, 124 pages in-8o. Mais qu’un traité purement philosophique dû à l’un des premiers penseurs et écrivains de l’Angleterre, qui réfute les arguments courants contre le suicide, ait dû se faufiler comme une marchandise prohibée dans ce pays, jusqu’à ce qu’il ait trouvé protection à l’étranger, voilà une grande honte pour la nation anglaise. Cela montre en même temps quelle bonne conscience a sur ce point l’Église. J’ai exposé dans Le monde comme

    Schiller. On sait peut-être moins que la comtesse Terzky est un des personnages du Wallenstein du même poète, la sœur de la femme du héros principal. (Le trad.)

  1. « Mais là gît la difficulté. »