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de la volonté, mais le sexe féminin celui de l’intellect de l’espèce humaine, qui obtient par là une durée éternelle. Chacun a en conséquence un élément paternel et un élément maternel ; et de même que ceux-ci ont été unis par la génération, ils sont séparés par la mort, qui est ainsi la fin de l’individu. C’est cet individu dont nous déplorons tellement la mort, dans le sentiment qu’il est réellement perdu, vu qu’il était une simple combinaison qui cesse irrévocablement. Pourtant nous ne devons pas oublier, dans tout cela, que la transmissibilité de l’intellect par la mère n’est pas aussi décidée et absolue que celle de la volonté par le père, à cause de la nature secondaire et purement physique de l’intellect et de sa complète dépendance de l’organisme, non seulement par rapport au cerveau, mais autrement encore, comme je l’ai exposé en détail dans le chapitre indiqué. Je dirai en passant que je suis d’accord avec Platon, quand il distingue dans ce qu’il nomme l’âme une partie mortelle et une partie immortelle ; mais il se trouve diamétralement opposé à moi et à la vérité, quand, à la façon de tous les philosophes qui m’ont précédé, il tient l’intellect pour la partie immortelle, et au contraire la volonté — c’est-à-dire le siège des appétits et des passions pour la partie mortelle. Qu’on voie le Timée. Aristote est du même avis[1].

Mais quoique le principe physique puisse étrangement et étonnamment exercer son action par la génération et par la mort, avec la combinaison visible des

  1. Dans le Traité de l’âme (I, 4), il laisse échapper dès le début son opinion intime, que le νοῦς est l’âme véritable et immortelle, — ce qu’il établit par de fausses assertions. D’après lui, la haine et l’amour n’appartiennent pas à l’âme, mais à son organe, la partie périssable !