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donc ? » Soit dit entre parenthèse, cette dernière question, pas plus que le chapitre cité, n’a empêché les professeurs de philosophie, depuis Kant, de faire de l’absolu le thème constant de leurs dissertations, c’est-à-dire d’expliquer sans façons ce qui n’a pas de cause. C’est là une idée bien digne d’eux. Ces gens-là sont d’ailleurs incurables, et je ne saurais trop conseiller de ne pas perdre de temps avec leurs écrits et leurs conférences.

Qu’on se fasse une idole de bois, de pierre, de métal, ou qu’on la compose de notions abstraites, cela revient au même : c’est toujours de l’idolâtrie, dès qu’on se trouve en présence d’un être personnel auquel on sacrifie, qu’on invoque, qu’on remercie. La différence au fond n’est pas non plus bien grande, que l’on sacrifie ses brebis, ou ses inclinations. Chaque rite et chaque prière sont un témoignage irréfutable d’idolâtrie. Voilà pourquoi les sectes mystiques de toutes les religions s’accordent à supprimer tout rite à l’usage de leurs adeptes.