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de chiens, quand il se sépare d’un de ses élèves. Puis, dans le chapitre ii, il fait de l’homme le premier professeur de zoologie, en le chargeant de donner aux animaux les noms qu’ils porteront désormais : voilà un nouveau symbole de leur complet assujettissement à lui, c’est-à-dire de leur absence de droits. Gange sacré ! père de notre race ! de pareilles histoires exhalent pour moi une mauvaise odeur juive. Malheureusement, les conséquences s’en font sentir jusque de nos jours. Puisqu’elles se sont transmises au christianisme, on devrait cesser une bonne fois de vanter la morale de ce dernier comme la plus parfaite de toutes. C’est une grande et essentielle imperfection pour elle, de borner ses prescriptions à l’homme et de n’accorder aucun droit aux animaux. Aussi, pour les protéger contre les masses brutales et dépourvues de sentiment, souvent même plus que bestiales, la police doit remplir le rôle de la religion ; et comme cela ne suffit pas, il se forme aujourd’hui partout, en Europe et en Amérique, des sociétés protectrices des animaux, qui seraient dans toute l’Asie non circoncise la chose la plus superflue du monde. Ici, en effet, la religion protège suffisamment les animaux et en fait même un objet de charité positive. Nous en avons un exemple dans le grand hôpital pour animaux de Surate, où chrétiens, mahométans et juifs peuvent envoyer leurs bêtes malades, lesquelles, à très juste titre, ne leur sont pas rendues après la guérison. De la même façon, quand un brahmane ou un bouddhiste est favorisé par une chance quelconque, réussit dans une affaire, au lieu de piailler un Te Deum, il s’en va au marché acheter des oiseaux dont il ouvre la cage devant la porte de la ville ; on peut observer cela fréquemment déjà à